Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

Auguste (suite)

 T. R. Holmes, The Architect of the Roman Empire (Oxford, 1928-1931 ; 2 vol.). / M. Hammond, The Augustan Principate (Cambridge, 1933). / L. Homo, Auguste (Payot, 1935). / R. Syme, The Roman Revolution (Oxford, 1939 ; trad. fr. la Révolution romaine, Gallimard, 1967). / J. Charbonneaux, l’Art au siècle d’Auguste (Éd. Clairefontaine, 1948). / M. A. Levi, Il Tempo di Augusto (Florence, 1951). / P. Grimal, le Siècle d’Auguste (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1955 ; 4e éd., 1968). / P. Grenade, Essai sur les origines du principat (de Boccard, 1961). / B. Parsi, Désignation et investiture de l’empereur romain (ier-iie siècle apr. J.-C.) [Sirey, 1963]. / R. Etienne, le Siècle d’Auguste (A. Colin, coll. « U2 », 1971).

Auguste (les)

Famille d’orfèvres parisiens du xviiie s.


Robert Joseph Auguste, né en 1725, avait « pris ses commencements » sous François Thomas Germain* ; il reçut ses lettres de maîtrise en 1757. La rocaille se démodait, et Auguste fut des premiers à retourner au formalisme classique : on l’avait oublié, il apparut comme une nouveauté. Mme de Pompadour commandait au novateur une salière de seize mille livres, qui fut l’une des premières réalisations du style « à la grecque ». L’ambassadeur de Suède à Paris, le comte Gustave Philip Creutz, faisait exécuter par Auguste, vers 1770, les deux « terrines » et les pièces de service du château royal de Stockholm, ornées de plaquettes d’or ciselé qu’on attribue à Pajou*. C’est encore Auguste qui, pour le sacre de Louis XVI, exécutera la couronne et les pièces d’orfèvrerie composant la « chapelle » de Reims. En 1784, il assurera la succession de Jacques Roettiers, graveur général des monnaies, et en 1788 recevra l’investiture de la ferme générale des affinages de Paris, Lyon et Trévoux. Il mourut au Louvre, où il avait son logement, autour de 1795.

Robert Joseph laissait un fils, Henri, né en 1759, qui postula la maîtrise en 1785 et se montra d’emblée novateur, tant sur le plan du style que sur celui de la technique. L’orfèvrerie commençait à transgresser le principe initial du travail au marteau : éludant les difficultés de la rétreinte, elle adoptait le coulage en moule, « réparé » au ciselet. Henri Auguste, entrant dans la carrière, y trouvait établie cette conception commode qui, pourtant, faisait de l’orfèvre un fabricant. Recevant, dès son accession à la maîtrise, d’importantes commandes, il les traita dans le goût sévère et monumental que le formalisme « Empire » codifiera, témoin sa soupière d’argent de 1789, dont celle qu’offrira la Ville de Paris à Napoléon, à l’occasion de son sacre, apparaît comme une réplique.

Auguste appliqua délibérément les techniques nouvelles. Il fut le premier à poser à froid, par écrous et vis, les « accompagnements » des pièces : anses, versoirs et becs. Ces procédés permettaient des amplifications dimensionnelles auxquelles ne pouvait songer l’orfèvre de tradition. Il put, de la sorte, réaliser des ouvrages tels que la toilette de l’impératrice et la garniture d’autel qu’offrit Napoléon à l’église de Saint-Denis en 1806. L’effet général en est solennel, mais les ornements appliqués sur le corps des pièces apparaissent comme étrangers.

La société n’en approuvait pas moins la volonté de renouvellement dont témoignaient ces orfèvreries, qui manifestaient dans leur domaine la rénovation industrielle que stimulaient l’Empereur et son entourage. Auguste, à l’exposition de 1806, présenta des ouvrages façonnés par estampage. Au travail du marteau, voire au coulage en moule, il substituait l’emboutissage par le « mouton », c’est-à-dire au moyen d’une presse mécanique. Bientôt, il adoptera le tour au pied. L’orfèvrerie n’est plus un art, mais un métier, qu’Auguste, par ses talents mêmes, a contribué à détourner de ses traditions. Le maître s’éteignit peu après 1816.

G. J.

➙ Argenterie / Orfèvrerie.

Augustin (saint)

Évêque d’Hippone, Père de l’Église latine (Tagaste [auj. Souk-Ahras] 354 - Hippone 430).


Cet homme, à la fois philosophe, théologien, pasteur et, pourrait-on dire, poète, est placé à l’un des « seuils » les plus étonnants de l’histoire des hommes. Derrière lui : la Rome antique, le monde ancien, païen encore sous le manteau chrétien. En 380, alors qu’Augustin a vingt-six ans, Théodose, que Gratien vient d’associer à l’Empire, édicte, à Thessalonique, que tous les peuples à lui soumis doivent « se rallier à la foi transmise aux Romains par l’apôtre Pierre ». Mais, la même année, Théodose doit abandonner la Pannonie aux Ostrogoths et établir les Wisigoths au sud du Danube ; en 392, Eugène usurpe le pouvoir impérial, mais c’est avec l’appui des soldats germains. En 397, les Wisigoths sont dans l’Illyricum, ces mêmes Wisigoths qui, en 410, s’emparent de Rome, alors que les Vandales passent en Espagne et de là en Afrique. Augustin mourant les entendra battre les murs assiégés de sa ville épiscopale.

La vie d’Augustin s’écoule ainsi au rythme des catastrophes, mais l’espérance chrétienne, unie à une vue très haute de l’histoire, lui permet de voir grandir, au-delà de l’immédiat désespéré, un monde nouveau voué à une vocation surnaturelle. La conscience, chez Augustin, du drame présent et de l’exaltation future de l’humanité se retrouve dans l’admirable Cité de Dieu, qui demeure, selon l’expression d’Henri Marrou, « le traité fondamental de la théologie chrétienne de l’Histoire ».


La vie de saint Augustin


Le temps du désordre

C’est dans une petite ville de Numidie que naît Augustin, le 13 novembre 354. Ce Romain d’Afrique appartient à l’une de ces familles provinciales qui, en 212, ont obtenu le droit de cité à la suite d’un édit libérateur de Caracalla. Romain, Augustin le sera tout entier par sa formation et sa tournure d’esprit ; l’Afrique, ce sera surtout la vénérable Église d’Afrique, portion la plus vivante de l’Église romaine. Son père, Patricius, est un petit fonctionnaire de la classe des curiales qui fait d’énormes sacrifices pour assurer à son fils une position sociale supérieure à la sienne. La formation intellectuelle d’Augustin — à Madaure puis à Carthage — est essentiellement latine ; sous la plume du docteur de l’Église, plus tard, les références aux meilleurs écrivains latins seront spontanées et continuelles.