Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
S

Scythes (suite)

En Russie du Sud, les Scythes sédentaires habitaient des villages ou des villes. Les vestiges de diverses vastes agglomérations ont été explorés. Le village de Kamenskoïe (auj. Dnieprodzerjinsk), près de Nikopol, sur le Dniepr, comportait surtout, derrière un rempart de terre, des maisons ovales de bois et d’argile. Neapolis (près de Simferopol, Crimée), capitale des Scythes royaux (iiie s.), comportait des édifices publics de pierre, et on y pratiquait l’artisanat : les témoignages de l’adoption d’une partie de la civilisation grecque coexistent avec l’attachement traditionnel à la chasse et à la nourriture carnée. Les viandes étaient cuites en ragoût dans des chaudrons. Le koumiss était déjà très apprécié.

À Pazyryk, le costume était composé de pantalons et de tuniques de cuir, dont la coupe pratique supportait de somptueuses broderies. Les bottes étaient de rigueur. Ainsi, ces peuples, que leur nomadisme ou leurs traditions nomades incitaient à s’encombrer le moins possible, plaçaient leur richesse dans leurs atours et leurs équipements.

Primitifs, ils étaient très superstitieux. Leurs sorciers pratiquaient la magie, leurs devins, probablement eunuques, prédisaient l’avenir. La principale divinité figurée sur les objets d’art — Tabiti, déesse du feu et peut-être des animaux — était déjà honorée en Russie du Sud avant leur venue. La Grande Déesse était également adorée. Il n’y avait ni autels, ni temples, ni lieux de culte consacrés, mais les sacrifices humains n’étaient pas rares. Les manifestations religieuses proprement dites semblent éclipsées par les honneurs rendus aux morts : les enterrements de chefs, décrits par Hérodote, étaient des cérémonies impressionnantes et sanglantes. À la fin de la cérémonie, les participants se droguaient au chanvre indien.

Les Scythes disparurent brutalement de l’histoire ; ils furent remplacés principalement par les Sarmates (iiie - iie s.), qui, meilleurs cavaliers (utilisant l’étrier), menacèrent souvent les frontières romaines. Leur art, très voisin de celui des Scythes, s’est attaché à la technique plus clinquante des émaux champlevés. Plus tard encore (xe s.), l’avènement du christianisme en Russie ne réussit pas à déraciner les traditions païennes qui remontaient à l’époque scythe et qui, comme le style animalier, se sont conservées longtemps chez les paysans russes.

R. H.

 A. L. Mongait, l’Archéologie en U. R. S. S. (en russe, Moscou, 1955 ; trad. fr., Moscou, 1959). / T. T. Rice, The Scythians (Londres, 1957 ; trad. fr. les Scythes, Arrhaud, 1958). / S. I. Rudenko, la Culture des agglomérations de l’Altaï central (en russe, Leningrad, 1960). / E. D. Phillips, The Royal Hordes, Nomad Peoples of the Steppes (Londres, 1965 ; trad. fr. les Nomades de la steppe, Sequoia, 1966). / M. I. Artamonov, les Trésors d’art des Scythes (Gründ, 1968). / G. Charrière, l’Art barbare scythe (Cercle d’art, 1971). / L’Or des Scythes (Musées nationaux, 1975).

séborrhée

Exsudation excessive du sébum par hyperactivité des glandes sébacées.
Par extension ce terme est attribué à divers types morbides dont cette sécrétion s’accompagne.


Les glandes sébacées sont réparties sur toute la surface du corps, sauf aux plantes, aux paumes et aux espaces interdigitaux. Elles sont surtout nombreuses sur les zones dites « séborrhéiques » : front, ailes du nez, menton, régions présternales et inter-scapulaires. Les glandes sébacées sont des glandes en grappe ; elles s’ouvrent soit dans les follicules des poils, soit directement à la peau. Le sébum contient 35 p. 100 d’eau et 65 p. 100 de corps gras. Encore dénommé « couche lipidique » ou enduit « lipo-acide », il protège la peau contre la dessiccation et la macération humide ainsi que contre les infections microbiennes ou parasitaires. Le flux séborrhéique varie en importance avec le sexe, l’âge, la saison, le climat, l’alimentation, l’insolation, les émotions. La sécrétion sébacée est liée au fonctionnement des glandes génitales (poussée de la puberté, décroissance postménopausique, action stimulante de la testostérone et frénatrice des œstrogènes).

D’autres facteurs endocriniens sont susceptibles d’intervenir : séborrhée des hyperthyroïdiens (v. thyroïde) et des acromégaliques (antéhypophyse), teint huileux des parkinsoniens (rôle du diencéphale).

Les premières manifestations de la séborrhée s’observent chez l’enfant de 9 à 10 ans, aux plis nasogéniens, couvrant peu à peu les ailes du nez. Avec les années, la séborrhée atteint le menton, déborde sur les joues en « vespertilio », gagne le front, la conque des oreilles et le cuir chevelu. Ce dernier se recouvre de petites pellicules grises, sèches, caduques (pityriasis sec), auxquelles feront suite vers 17 à 20 ans des pellicules grasses adhérentes (pityriasis stéatoïde).

L’atteinte faciale est plus ou moins profuse. Les pores largement dilatés laissent échapper le sébum, qui, ruisselant sur la peau, la rend grasse et luisante. La séborrhée, qui est plus un état qu’une maladie, fait le lit de l’acné* et des séborrhéides. Ces dernières débutent par des taches punctiformes, rosées, recouvertes d’une squame qui en grandissant deviennent nummulaires (en pièces de monnaie) et pétaloïdes (en pétales). Variables en nombre suivant chaque cas, elles sont peu ou pas prurigineuses. De durée indéfinie, elles s’effacent rapidement avec l’application de réducteurs, mais récidivent facilement. Sur les régions présternales et interscapulaires, elles réalisent la dermite médio-thoracique de Brocq. À la lisière du cuir chevelu, elles déterminent la « corona seborrheica ». Elles sont à différencier du psoriasis et des syphilides séborrhéiques.

Au cuir chevelu, la séborrhée est la cause principale de l’alopécie idiopathique, dénommée encore alopécie hypocratique, alopécie vulgaire (v. alopécie).

Chez les vieillards, la séborrhée suit son cours et fait le lit de la couperose, de petits adénomes, des verrues séborrhéiques (verrues séniles), des taches de kératose sénile.

A. C.