Larousse agricole 2002Éd. 2002
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brebis (suite)

Dans un système d'élevage plus intensif, l'éleveur cherche à tirer un maximum du potentiel de reproduction de ses brebis pour améliorer la productivité globale du troupeau. Ainsi, il peut augmenter le nombre d'agnelages par brebis et par an en utilisant des races peu saisonnées qui agnellent naturellement plus de 1 fois/an (races rustiques, par exemple), ou en ayant recours à des traitements hormonaux (éponges vaginales). Il peut aussi accroître la prolificité de son troupeau par sélection ou, plus rapidement, en utilisant des brebis issues de croisements avec des races prolifiques (romanov, par exemple). La combinaison de ces méthodes permet d'obtenir un nombre d'agneaux supérieur, mais augmente les charges de travail et d'alimentation.

Alimentation des brebis.

L'alimentation a une grande importance dans la conduite d'un élevage de brebis. D'une manière générale, dans le rationnement annuel des troupeaux de mères allaitantes, il faut tenir compte d'un ensemble de facteurs tels que l'intervalle entre les agnelages, le taux moyen de prolificité, le niveau de production laitière et la capacité de la brebis à mobiliser ses réserves corporelles. Ces facteurs dépendent en grande partie de la race utilisée et du mode de conduite choisi par l'éleveur.

L'évolution très schématique des besoins énergétiques d'une brebis durant l'année permet de distinguer 3 périodes fondamentales dans le rationnement : l'alimentation au moment de la lutte - ou accouplement - (« flushing »), l'alimentation en fin de gestation et l'alimentation pendant la lactation. Les apports alimentaires ne permettent pas toujours de couvrir exactement les besoins des animaux ; au cours d'un cycle de production, la brebis peut de ce fait être soumise à des phases d'excédents ou de pénurie alimentaire. Les excédents sont stockés sous forme de graisses corporelles que l'animal mobilisera en période de déficit.

Flushing.

Le niveau d'alimentation des brebis avant et pendant la lutte est un des facteurs principaux de la prolificité. On a observé, depuis très longtemps, qu'une alimentation accrue (essentiellement énergétique) avant l'accouplement provoquait une augmentation du taux d'ovulation de 0,2 point environ, se traduisant par un nombre supérieur de naissances gémellaires. Cette suralimentation doit débuter environ 3 semaines avant la lutte et se poursuivre ensuite pendant 3 semaines. L'effet dynamique du flushing se manifeste sur toutes les brebis, quel que soit leur état. On peut ainsi recommander d'apporter, en complément de la ration de base, 400 à 500 g de céréales (orge, avoine, maïs...) par jour aux brebis amaigries et seulement 200 à 300 g aux brebis en bon état. Cette supplémentation ne pose aucun problème pratique aux éleveurs lorsque les animaux sont en bergerie ; lorsque la lutte a lieu au pâturage, les éleveurs réalisent un flushing « naturel », soit en diminuant le nombre de brebis à l'hectare, soit en déplaçant les animaux d'un pâturage de qualité moyenne vers un pâturage de bonne qualité.

Alimentation en fin de gestation.

Pendant la gestation, les besoins supplémentaires, consécutifs au développement des organes génitaux et des fœtus, doivent être couverts soit à partir d'une augmentation de l'alimentation, soit aux dépens des réserves corporelles de la brebis. Si la femelle qui porte 1 seul fœtus peut supporter une certaine sous-alimentation - limitée en intensité et en durée - pendant la gestation, celle qui en porte 2 ou plus doit recevoir au cours des 6 à 8 dernières semaines de gestation une alimentation suffisante pour assurer le développement de ses fœtus et de sa mamelle. On préconise donc, dans les 2 derniers mois de gestation, des apports alimentaires propres à permettre des gains de poids vif de 5, 9 et 12 kg pour les brebis portant respectivement 1, 2 ou 3 futurs agneaux.

Dans la pratique, l'éleveur n'a aucun moyen simple de dépister les brebis qui portent plusieurs fœtus. Il devra donc distribuer un ration permettant un gain de poids vif des brebis et qui tienne compte du taux de prolificité moyen de son troupeau. Malheureusement, la capacité d'ingestion de la brebis diminue en fin de gestation, au moment où les besoins sont élevés. Cette diminution, qui débute 2 ou 3 semaines avant l'agnelage, est d'autant plus importante que le nombre de fœtus est élevé. On doit alors distribuer aux brebis des fourrages de bonne qualité et modifier le rapport aliments grossiers/aliments concentrés, en augmentant la quantité de concentrés dans les dernières semaines de gestation.

Alimentation pendant la lactation.

C'est pendant la lactation que les besoins alimentaires de la brebis sont les plus élevés. Le niveau d'alimentation durant cette période est le facteur essentiel de la production laitière de la brebis et donc de la croissance de l'agneau. Mais la quantité de lait produite varie aussi selon les races et, à l'intérieur d'une même race, selon le nombre de petits allaités. Les brebis nourrissant des jumeaux ont une production laitière nettement plus forte que dans le cas de celles qui allaitent un seul agneau. Cet accroissement de la lactation (de l'ordre de 30 à 35 %) est attribué à une plus forte stimulation de la brebis par les jumeaux et à une meilleure vidange de la mamelle.

Le calcul des besoins de lactation peut être effectué à partir de la quantité de lait produite, mais cette mesure directe, sauf dans le cas de troupeaux laitiers, est rarement possible. Aussi est-on amené à déduire approximativement les besoins à partir de la connaissance du niveau moyen habituel de croissance des agneaux du troupeau, durant les 4 à 6 premières semaines de lactation. On estime ainsi qu'un agneau qui a un gain de poids de 300 g/jour boit quotidiennement 1,6 l de lait et que la production laitière d'une brebis allaitant 2 agneaux (qui gagnent 450 g/jour à eux deux) s'élève à 2,3 l. À partir de 4 semaines, les agneaux ingèrent aussi des aliments secs, et l'évaluation de la production laitière de leur mère ne peut plus être déduite de leur seule croissance. On l'estime alors à partir du stade de lactation et de la croissance des agneaux au cours du 1ermois. Après l'agnelage, la capacité d'ingestion des brebis est faible et les quantités ingérées n'augmentent pas aussi vite que le niveau de production laitière. Ainsi, au cours des premières semaines de lactation, la sous-alimentation des brebis est fréquente et pratiquement inévitable, malgré le rôle tampon important joué par les réserves corporelles. La perte de poids vif qui en résulte est essentiellement due à l'utilisation des lipides corporels. Pour limiter ces pertes de poids, on réservera aux brebis laitières des fourrages de bonne valeur alimentaire, complémentés avec un aliment concentré.

ROUX