Larousse agricole 2002Éd. 2002
V

viroïde

Agent infectieux des plantes et probablement des animaux, de structure plus simple qu'un virus, constitué d'un brin d'ARN circulaire non protégé par une enveloppe protéique.

Découverts chez les végétaux vers 1970, les viroïdes sont les plus petits agents pathogènes connus capables de réplication - laquelle se réalise à l'intérieur du noyau de la cellule-hôte.

En phytopathologie, les viroïdes entraînent des symptômes rappelant ceux provoqués par des virus ou par des troubles physiologiques : nécroses des vaisseaux, nanismes, déformations des feuilles, rameaux, fruits, tubercules Ils sont extrêmement contagieux ; ils se transmettent par l'intermédiaire des opérations de multiplication végétative et de taille, par les semences, le pollen, ainsi que par des insectes vecteurs. En 2000, on avait identifié une trentaine de viroïdes différents, entraînant de graves maladies sur diverses plantes cultivées : tubercules en fuseau de la pomme de terre, exocortis des agrumes, mosaïque latente du pêcher, cadang-cadang du cocotier Dans la pratique, la lutte contre les viroïdes des végétaux est calquée sur celle contre les virus : quarantaine, éradication des plantes atteintes, thermothérapie, désinfection des instruments, sélection sanitaire et certification des semences et des plants, variétés résistantes.

Raynal

virose

Maladie des végétaux provoquée par un virus.

On connaît quelque cinq cents virus capables d'infecter des plantes cultivées ou spontanées. Les viroses végétales ont une grande importance économique en raison de la multitude des espèces sensibles. Elles provoquent une diminution de la vigueur des plantes et une baisse de rendement. Tantôt graves, tantôt bénignes, elles sont d'autant plus à redouter que leur pouvoir de dissémination est grand et que les moyens de lutte directe sont inexistants.

Symptômes.

Pour un virus donné, l'extériorisation des symptômes dépend de nombreux facteurs, liés à la plante (espèce, variété) et aux conditions de milieu (température, lumière, nutrition de la plante). Les principaux symptômes externes sont la décoloration du feuillage (mosaïques du tabac, du haricot, de la laitue, de la pomme de terre, etc.) ; l'enroulement des feuilles (enroulement chlorotique de l'abricotier, enroulement de la pomme de terre) ; la déformation et le nanisme (dégénérescence infectieuse de la vigne, nanisme du prunier, maladie de Pfeffingen, etc.) ; la marbrure (sharka) ; les nécroses (taches nécrotiques du cerisier) ; et le flétrissement (mosaïque du concombre).

Pénétration et multiplication des virus.

Les virus pénètrent dans les cellules de la plante hôte par de micro-blessures des parois cellulaires ou par injection directe dans le cytoplasme via une piqûre d'insecte. L'acide nucléique se sépare des protéine virales et est décodé par la machinerie cellulaire de la plante, qui synthétise alors les constituants des nouveaux virus. Les particules virales nouvellement formées se dispersent dans les cellules voisines du point de départ de l'infection, où elles se multiplient à nouveau. D'énormes quantités de virus peuvent ainsi être fabriquées par une plante.

Transmission.

La connaissance du mode de transmission des virus est un élément déterminant pour la mise au point d'une lutte défensive. La transmission peut se faire par inoculation mécanique : frottement de deux plantes, opérations culturales (virus de la mosaïque du tabac sur la tomate et le tabac, virus X de la pomme de terre, etc.). Les virus peuvent aussi être transportés par des êtres vivants, appelés vecteurs (insectes, acariens, nématodes). Parmi les insectes, les principaux vecteurs sont les pucerons, les cicadelles et les thrips. Selon la durée de la survie du virus à l'état infectieux à la surface des pièces buccales ou à l'intérieur des organes du vecteur, on distingue des virus non persistants (infectieux seulement pendant quelques heures après l'acquisition par le vecteur), semi persistants (infectieux quelques jours) et persistants (infectieux durant toute la vie du vecteur). La transmission par les graines est également assez fréquente. La transmission aussi peut se faire par l'intermédiaire du pollen ou par voie végétative (greffons, boutures, drageons, bulbes, rhizomes). Ce dernier mode de transmission est fréquent pour les espèces pérennes (vigne, arbres fruitiers, fraisier), pour les plantes à bulbes (oignon) et pour les pommes de terre.

Lutte.

La lutte contre les viroses consiste actuellement à ne cultiver que des plantes exemptes de virus, à mettre celles-ci à l'abri des vecteurs et autres sources de contamination, ou encore à n'utiliser que des variétés résistantes. Ces moyens de lutte sont loin d'être parfaits, mais ils permettent de limiter les méfaits de ces maladies. L'obtention de matériel végétal exempt de virus à partir de plantes malades est réalisée par thermothérapie ou par culture de méristème ou d'embryon. Le tri des lots non ou très faiblement contaminés aptes à être cultivés (sélection sanitaire) est réalisé par des techniques variées de détection des virus (sérologie, sondes moléculaires). Ces moyens ont permis, par exemple, de « guérir » certaines variétés d'arbres fruitiers ou de régénérer certaines variétés d'espèces florales.

La lutte indirecte consiste à protéger la plante contre l'attaque des vecteurs par les produits phytosanitaires adéquats (insecticides, acaricides, nématicides).

Des recherches sont réalisées pour rendre résistantes des plantes sensibles aux virus, en dehors des méthodes classiques de sélection : prémunition des plantes par des souches virales peu pathogènes, obtention de plantes génétiquement modifiées multipliant seulement la protéine virale.

Principales viroses des cultures annuelles.

- La dégénérescence infectieuse de la vigne, ou court-noué, peut être due à plusieurs virus. Lorsque l'infection se développe, des anomalies apparaissent : entre-nœud raccourci, aspect buissonnant et rabougri, coulure très importante, sarments aplatis, jaunissement du limbe des feuilles tout le long des nervures. L'inoculation des virus est due à un nématode (Xiphinema index). Les vignes atteintes doivent être arrachées et brûlées ; le sol doit être désinfecté et replanté seulement après plusieurs années, avec des plants sains.