Larousse agricole 2002Éd. 2002
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tabac (suite)

En favorisant le départ de la végétation et le développement du système racinaire, une teneur du sol élevée en phosphore peut accélérer le cycle végétatif et hâter la maturité. C'est la raison pour laquelle on préfère apporter des quantités supérieures aux besoins de la culture de tabac, le reliquat après récolte étant utilisé par la culture suivante, en général une céréale. Pour les tabacs de Virginie, on pratique souvent une fertilisation phosphorique localisée sur le rang.

La combustibilité et la qualité du tabac brun sont également étroitement liées à sa teneur en potassium. Dans les sols où le rapport 100 K2O (%) / argiles (%) est supérieur à 1,5, la fumure peut être calculée de manière à compenser les exportations. Lorsque ce rapport est inférieur à 1,5, il faut appliquer une fumure de redressement qui peut aller jusqu'à 300 ou 400 kg de potassium à l'hectare. Il faut absolument éviter les apports sous forme de chlorure de potassium (on utilise le plus souvent du sulfate de potasse).

Enfin, il faut veiller à éviter les insuffisances de magnésium dans le sol (entraînant une chlorose à laquelle le tabac est assez sensible) et apporter des amendements calciques pour éviter que le pH du sol ne soit inférieur à 6. La plante n'a pas d'exigence particulière en oligoéléments.

Semis et plantation.

Le tabac doit être semé en pépinière avant d'être planté en plein champ. Le semis a lieu, en France, du 15 mars (semis extérieur) à début avril (semis abrité sous tunnel plastique), à raison de 600 à 1 000 plantules par mètre carré (on prévoit environ 100 m2 de semis pour 1 ha de culture).

L'ensemencement peut se faire avec des graines sèches ou prégermées. Actuellement se développe le semis en mini-mottes, sur des plateaux de PVC possédant des alvéoles de 20 ml environ remplies de terreau. Les plateaux sont posés sur un film de polyéthylène, les apports d'eau et d'éléments minéraux étant effectués par aspersion, ou flottent sur une solution nutritive adaptée. La protection phytosanitaire des semis est très importante (mildiou, limaces, escargots, chenilles, pucerons).

La plantation est effectuée mécaniquement, à partir de plants sains, possédant 6 à 7 feuilles et mesurant 10 à 12 cm de hauteur, clairs, ayant 10 à 12 % de matière sèche. La densité de plantation dépend du type de tabac : 36 à 38 000 pieds par hectare pour le tabac brun, 28 à 32 000 pieds par hectare pour le Burley et 18 à 20 000 pieds par hectare pour les types Virginie. La reprise s'effectue dans les 3 ou 4 jours qui suivent la plantation et nécessite parfois un arrosage.

Irrigation.

L'irrigation (très réglementée) permet de régulariser les rendements mais également la qualité des tabacs, en favorisant, en particulier, la maturité. On calcule les doses et fréquences d'apport en réalisant des bilans hydriques.

Traitements.

Le désherbage, très important, s'effectue avant plantation par l'application d'antigraminées et d'antidicotylédones, et/ou en cours de culture, par binage (un à trois passages). Un buttage est parfois effectué pour rechausser le plant et favoriser le développement des racines adventives, surtout pour les variétés sensibles à la pourriture noire des racines.

Plusieurs opérations sont pratiquées directement sur la plante : épamprement (suppression des feuilles basses pour diminuer le risque de maladies en aérant la base de la plante), écimage (pincement de la tige au-dessus d'un nombre réglementaire de feuilles), ébourgeonnage (suppression des rameaux secondaires à l'aisselle des feuilles).

Les principaux ennemis du tabac sont le taupin, les larves de noctuelle, le ver gris, les nématodes, les punaises et les pucerons. Les principales maladies fongiques sont la pourriture noire des racines, l'oïdium et la fonte des semis (Pythium). Les maladies bactériennes sont assez rares, mais les viroses provoquent des dégâts importants (mosaïque du concombre, virus nécrotique de la pomme de terre). Le mildiou du tabac est assez bien maîtrisé.

Récolte et séchage des tabacs séchés à l'air (tabacs bruns et Burley).

La récolte s'effectue, en France, de fin août à mi-septembre. Suivant les régions, le tabac est récolté en tiges ou en feuilles. Dans la récolte en feuilles, les étages foliaires sont cueillis séparément (3 à 4 feuilles par étage), en commençant par l'étage situé le plus bas, qui est mûr le premier. Les cueillettes suivantes sont effectuées tous les 15 jours environ, au fur et à mesure que la maturité progresse ; on met ainsi au séchage des lots de feuilles de degré de maturité identique, ce qui rend cette opération plus aisée. Son inconvénient est d'être plus coûteuse en main-d'œuvre que la récolte en tiges. Pour cette dernière, les plantes sont récoltées en une fois, une centaine de jours après la plantation. Les tiges sont sectionnées à la base par une barre de coupe ou une coupeuse-encocheuse automotrice qui réalise également une encoche pour la suspension dans le séchoir.

Le séchage s'effectue dans des bâtiments spécialement construits à cette fin, munis en particulier de volets qui permettent de réguler l'aération. Dans le cas du tabac brun, le chargement est de l'ordre de 15 à 25 plantes (ou 250 à 300 feuilles) par mètre cube, selon le développement des plantes. Les Burley sont « mis à la pente » à une densité inférieure de 20 % environ. La dessiccation dure 1 ou 2 mois. Au cours des 15 premiers jours (jaunissement), la chlorophylle disparaît peu à peu et la feuille devient jaune. Les substances protidiques et glucidiques sont hydrolysées et certaines (sucres) sont autoconsommées. Pendant cette phase, la feuille reste vivante et la ventilation du séchoir est réduite au maximum. Le tabac perd environ la moitié de son poids. En fin de jaunissement, le tissu meurt et la feuille devient le siège de réactions d'hydrolyse (dessiccation du limbe). On active alors l'élimination de l'eau en ouvrant progressivement les volets du séchoir. Cette phase doit être conduite de manière régulière et assez rapide mais non brutale, de manière à obtenir une coloration finale claire et homogène. La dessiccation s'achève par la réduction des côtes, pendant laquelle l'eau est éliminée de la nervure principale par l'alternance de périodes de dessiccation et de réhumectation du limbe.