Larousse agricole 2002Éd. 2002
S

soja

1. Légumineuse ressemblant au haricot, cultivée pour ses graines qui fournissent une huile alimentaire et un tourteau très utilisé en alimentation animale (espèce Soja hispida, famille des papilionacées). 2. Légumineuse, dite soja vert ou soja de régime, cultivée pour ses graines non huileuses utilisées en alimentation humaine sous forme de purées, de soupes ou de pousses germées consommées en salades ou cuisinées (espèce Soja radiata, famille des papilionacées).

Le soja vert est une des rares légumineuses, avec le pois, à pouvoir être consommé cru. Il est employé en cuisine chinoise et son amidon sert à la fabrication des nouilles chinoises. Compte tenu de son importance économique dans le monde, seul le soja cultivé pour son huile sera traité dans cet article.

Plante originaire de Chine dont l'extension vers les États-Unis est récente (1910), le soja présente quelques ressemblances avec le haricot : notamment des feuilles trifoliées et une fécondation est autogame. Mais, à la différence du haricot, il est entièrement velu et ses folioles tombent souvent avant la maturité des fleurs. Celles-ci sont nombreuses, petites, colorées, peu apparentes. Le soja donne des gousses bosselées qui contiennent de deux à quatre graines. Ces gousses, longues de 3 à 11 cm, sont jaunes ou vertes à maturité, selon le type. Comme toutes les légumineuses, le soja possède au niveau de ses racines des nodosités dans lesquelles il héberge des bactéries (Bradyrhizobium japonicum) capables de fixer l'azote atmosphérique.

La graine de soja a une teneur en lipides d'environ 20 %, nettement mois élevée que celle des autres oléagineux. Elle est en revanche riche en protéines (de 50 à 55 %). L'huile est riche en acides linoléique (de 50 à 55 %) et oléique (de 20 à 25 %) et en vitamine E (115 mg pour 100 g). Elle contient aussi de l'acide linolénique (de 5 à 8 %), ce qui limite son utilisation comme huile de cuisson. Le tourteau obtenu après extraction de l'huile est riche en protéines, mais aussi en lysine (de 6 à 6,5 %), un acide aminé essentiel. Il est en revanche relativement pauvre en acides aminés soufrés telles la méthionine (à peine 1%) et la cystine (2 %).

Cycle de vie et exigences culturales.

Le zéro de végétation du soja est de 6 °C. La température du sol doit être d'au moins de 10 à 11 °C pour permettre la germination de la graine.

La phase de développement végétatif dure environ 40 jours. Au cours de cette période, la plante installe son système racinaire, les nodosités commencent à se développer mais ne sont pas encore fonctionnelles - c'est alors l'azote du sol qui est utilisé. Pendant cette phase, le soja peut résister à des températures de - 2 à - 4 °C.

La phase floraison/fructification dure environ 50 jours. C'est pendant cette phase que la sensibilité de la plante à un déficit hydrique est la plus forte. Les nodosités sont bien développées et fonctionnelles. La majeure partie de l'azote métabolisé est alors d'origine atmosphérique. La floraison se poursuit jusqu'à la fin du cycle de végétation. Les fleurs risquent d'avorter si la température descend en dessous d'un seuil situé, selon les variétés, entre 8 et 12 °C. La température optimale de croissance est comprise entre 20 et 25 °C.

La phase de maturation des graines dure environ 50 jours. Les besoins en eau sont beaucoup plus faibles que pendant la phase précédente, et le niveau de production de la matière sèche est faible. L'activité des nodosités diminue et, de ce fait, contribue moins à l'alimentation azotée de la plante.

La durée du cycle végétatif est comprise entre 100 et 160 jours selon le type variétal et la région où il est cultivé. La somme des températures varie, suivant les variétés, de 400 à 600 degrés jours (base 6 °C) de la levée à la floraison, et de 1 500 à 1 900 degrés jours de la levée à la maturité.

Les besoins totaux en eau du soja se rapprochent de ceux du maïs et s'élèvent à environ 500 mm. La phase la plus sensible à un déficit hydrique se situe de la floraison à la fructification, période dont la durée est le tiers de celle du cycle de la plante, et au cours de laquelle elle absorbe 55 % de ses besoins en eau. Une insuffisance des disponibilités en eau peut alors entraîner une perte de rendement allant de 30 à 50 %.

Culture.

En culture sèche, le soja est placé dans la rotation en alternance avec du maïs (USA) ou une céréale à paille (Brésil). En culture irriguée, le soja est cultivé en monoculture ou en alternance avec du maïs. Les variétés sont classées en cinq groupes de précocité numérotés de 000 pour les plus précoces à II pour les plus tardives.

Semis.

La date de semis dépend du choix de la variété, lui-même étroitement lié aux conditions climatiques de la région de culture. Les dates de semis s'échelonnent de mi-avril pour les variétés cultivées dans le sud-ouest de la France à mi-mai pour les variétés les plus précoces cultivées dans le nord-est de la France. Il est essentiel que la température du sol ne soit pas inférieure à 10 °C. La densité de semis est fonction de la date de semis. Elle est comprise entre 300 000 et 600 000 plantes/ha ; elle est supérieure de 25 % en culture sèche par rapport à la culture irriguée. La densité est d'autant plus forte que la date de semis est tardive et que les risques de pertes sont élevés. La profondeur de semis varie de 2 à 4 cm. On sème à faible profondeur dans une terre froide ou battante, plus profondément lorsque la terre est chaude ou que le risque de sécheresse en début de cycle est élevé. L'écartement entre les lignes est de 35 à 60 cm pour les variétés tardives et de 20 à 30 cm pour les variétés précoces.

Immédiatement avant le semis, les semences sont mélangées avec un inoculum de bactéries Bradyrhizobium japonicum, de façon à assurer la présence dans le sol d'un nombre suffisant de bactéries fixatrices d'azote. Ces dernières sont en effet absentes des sols européens.

Fertilisation.

Grâce à ses nodosités, le soja a la possibilité de fixer l'azote atmosphérique et absorbe, en outre, les nitrates du sol. On considère généralement que les quantités d'azote fixées grâce à la symbiose bactérienne, en régime hydrique non limitant, représentent de 50 à 60 % de la quantité d'azote totale absorbée par la plante. Un apport supplémentaire d'azote ne s'impose pas sauf en cas de déficience du nombre des nodosités, qui se traduit par un aspect jaunâtre de la culture. Dans ce cas, un apport d'azote sous forme d'urée (qui stimule les nodosités) peut être effectué ; son importance dépend de celle du jaunissement.