Larousse agricole 2002Éd. 2002
S

séchage (suite)

En agriculture, on appelle séchage tout procédé qui permet la conservation d'un produit agricole par l'abaissement de sa teneur en eau, qu'il s'agisse indifféremment du séchage des grains, de la déshydratation (pour les fourrages verts, les pruneaux ou le tabac), de la ventilation (chaude ou froide) du foin en grange ou même de la dessiccation de certains liquides.

Le séchage peut être naturel (fenaison, etc.) ou artificiel ; dans ce dernier cas, le produit humide est soumis, dans un séchoir, à l'action d'un courant chaud. Le séchage artificiel permet un abaissement très rapide de la teneur en eau des produits agricoles récoltés humides et empêche ainsi les altérations caractéristiques qui se produisent dans les matières en vrac fortement hydratées (développement de bactéries et de moisissures, fermentation intracellulaire, etc.).

Les techniques de séchage utilisées varient selon les produits. Les produits fortement hydratés (fourrages, pulpes de betteraves, légumes verts, jus de fruits), qui contiennent donc plus de 70 % d'eau, ont besoin d'un séchage qui permette l'évaporation d'une masse d'eau de deux à quatre fois supérieure à la masse du produit sec obtenu. Les produits relativement peu hydratés à la récolte (grains de céréales, graines de colza, de tournesol, etc.) nécessitent un séchage qui évapore seulement de 15 à 20 % d'eau.

Parmi les différentes techniques de séchage artificiel, on peut citer :
le séchage à cocourants, ou « antiméthodique » : l'air chaud, initialement à 1 000 °C, et le produit (luzerne, amidon, etc.) avancent parallèlement dans le même sens pendant un temps généralement court à l'intérieur du séchoir ; l'effet évaporateur est très important en début de séchage ;
le séchage à contre-courants, ou « méthodique » : l'air chaud, à une température comprise entre 60 et 200 °C, et le produit (pruneaux d'Agen, lait, etc.) avancent parallèlement, mais dans un sens opposé, à l'intérieur du séchoir ; l'air le plus chaud est réservé à la finition du produit ;
le séchage à courants croisés : l'air chaud, à une température comprise entre 40 et 130 °C, circule perpendiculairement au sens d'écoulement du produit (maïs, céréales) ;
la dryeration, ou « refroidissement lent différé » , utilisée pour le maïs, qui abaisse le coût du séchage artificiel par une économie d'énergie (de 15 à 25 %) et par une augmentation de la capacité de traitement (de 30 à 40 %) : le maïs subit d'abord un séchage accéléré, à une température de 115 °C, et atteint un degré d'humidité de 18 à 19 % ; il est transféré chaud dans une cellule de dryeration, où on le laisse ressuer pendant 8 à 12 heures afin de permettre à l'eau interne du grain de migrer vers la périphérie, beaucoup plus sèche ; puis on le refroidit lentement par ventilation à l'air ambiant pendant 12 à 15 heures, les calories emmagasinées par les grains contribuant au séchage.

Roger-Estrade

sécheresse

Déficit hydrique par rapport à un état normal.

En climatologie, la sécheresse désigne une période qui se trouve en état de déficit pluviométrique tel que le bilan hydrique du sol conduit à une réserve utile pratiquement nulle (humidité du sol proche du point de flétrissement permanent avec dessèchement des végétations) ; si cet état se prolonge, il peut aussi conduire au tarissement des écoulements (sources, rivières).

Le degré de sécheresse de l'air est défini par son déficit hydrique (évaporation) ou éventuellement par son humidité relative ; celui d'un sol est donné par le niveau relatif de sa réserve utile par rapport à sa réserve utile maximale. Pour une plante, le degré de sécheresse est mesuré par sa turgescence relative (qui sans sécheresse est voisine de 1, la valeur de 0,6 étant souvent une limite physiologique), mais aussi par le potentiel thermodynamique de l'eau de ses tissus (limite selon les fonctions physiologiques entre 2 à 5 MPa, un peu plus pour le xylème ou les graines).

La sécheresse est préjudiciable aux êtres vivants (microflores et faunes, plantes, animaux, hommes) par les perturbations qu'elle induit dans de nombreuses fonctions métaboliques. Ses effets dépendent de la durée et de l'intensité du déficit d'eau. Les plantes y sont plus ou moins sensibles selon les espèces et les stades de développement, et on les caractérise souvent par leur résistance à la sécheresse. Une sécheresse de faible intensité est aussi un signal (comme la photo- ou thermopériode, par exemple) pouvant induire la floraison ou la nouaison et une certaine richesse en sucres, en tannins et en essences.

Perrier

séchoir

Matériel ou installation permettant d'extraire l'eau d'un produit par un courant d'air chaud.

Les séchoirs sont courants en industrie, pour conserver un grand nombre de produits alimentaires (lait, fruits, légumes, etc.). En agriculture, on sèche surtout les grains et les fourrages. La déshydratation (moins de 10 % d'humidité dans le produit final) est un procédé industriel réservé à la luzerne et aux pulpes de betterave.

Sur tous les séchoirs, le générateur de chaleur est un brûleur alimenté par du fioul, du gaz naturel ou du gaz de pétrole liquéfié. L'air chaud passe au travers du produit, soufflé ou aspiré par des ventilateurs, par l'intermédiaire d'une chambre de combustion et, parfois, d'un échangeur évitant ainsi le contact du produit et des gaz brûlés. L'air chaud et sec se charge d'humidité au contact du produit et sort du séchoir plus froid et plus humide.

Séchage des grains.

Les installations fermières les plus simples sont des séchoirs statiques. Le grain est placé dans une case à faux fond perforé, en couches de 50 cm environ traversées par l'air chaud. Quand le produit est sec, on vide la case et on recommence avec un nouveau lot.

Les séchoirs continus sont plus commodes et plus performants (il faut moins de calories pour sécher un volume donné de produit). Ils sont la plupart du temps verticaux (plus de 10 m de hauteur) et cylindriques. Le grain circule en couches minces (15 à 30 cm) dans le séchoir, soit par gravité, retenu par des chicanes, soit par des systèmes mécaniques variés (palettes, transporteurs, etc.). La qualité du produit dépend du temps de contact avec l'air chaud et de la température de l'air de séchage.