Larousse agricole 2002Éd. 2002
P

protection des cultures (suite)

La protection des plantes repose cependant pour une très large part, dans les pays industrialisés, sur l'utilisation de produits phytosanitaires. Leur efficacité immédiate et à long terme est indéniable et, grâce à eux, les rendements et la qualité des produits récoltés ont considérablement progressé et on a abouti à régulariser la production agricole. Sans traitements phytosanitaires (des semences et des plants, et en cours de végétation), les rendements chuteraient de 30 à 70 % selon les productions.

Mais ce progrès ne va pas sans inconvénients, en raison des risques de toxicité et d'écotoxicité que présentent les produits de traitements. C'est pourquoi leur homologation et leurs conditions d'emploi font l'objet de normes de plus en plus contraignantes afin que soit préservée la santé des utilisateurs et des consommateurs et que l'environnement dans son ensemble (eau, sol, air, organismes vivants) ne soit pas durablement perturbé.

La protection des cultures est fortement structurée dans tous les pays occidentaux, où de nombreux organismes y concourent.

En France, les recherches à caractères fondamental, débouchant sur des applications, sont réalisés par l'Institut national de la recherche agronomique (INRA) : détection, diagnostic, biologie et développement des populations d'organismes nuisibles, recherche des mécanismes de résistance des plantes et sélection de gènes de résistance, recherches fondamentales en phytopharmacie et écotoxicologie, etc. Le Service de la qualité et de la protection des végétaux (SDQPV), longtemps connu sous l'appellation « Service de la protection des végétaux » est chargé, entre autres, de contrôler l'homologation des substances phytosanitaires, de veiller à la qualité des produits récoltés, de surveiller l'introduction sur notre territoire de nouveaux ennemis des cultures, de gérer les conseils diffusés par les stations d'avertissements agricoles. De nombreuses autres organisations professionnelles ou interprofessionnelles (instituts techniques, fédérations, associations, coopératives), de même que l'industrie phytosanitaire, collaborent aux recherches et participent activement au développement des conseils et des techniques de lutte.

Enfin, une part importante de la réussite de la protection des cultures revient au développement et au perfectionnement des matériels de traitement (pulvérisateurs) et des équipements industriels (traitement et stockage des semences et des productions).

Perspectives.

L'augmentation considérable de la population mondiale (6 milliards d'êtres humains en 2000, 12 milliards prévus en 2050) nécessite un accroissement des ressources alimentaires qui ne peut être atteint que si on optimise production végétale. D'où l'importance de la réduction des pertes dues aux ennemis des cultures.

La protection des cultures a considérablement progressé depuis un demi-siècle ; son évolution se poursuit aujourd'hui vers une protection encore plus performante, soucieuse à la fois de la santé des hommes et de la protection de l'environnement. Ces enjeux, dont on a progressivement pris conscience à la fin du XXe siècle, devront être résolus par des approches nouvelles basées sur les résultats les plus récents de la recherche (modélisation, aides à la décision, biotechnologies et génie génétique, molécules nouvelles) et par une collaboration permanente des différents acteurs.

Raynal

protection intégrée

Méthode de lutte contre les ennemis des cultures, qui combine de façon rationnelle les différentes mesures possibles (culturales, physiques, biologiques, génétiques et chimiques).

L'objectif de la protection intégrée est de réduire au minimum nécessaire l'utilisation des produits phytosanitaires, tout en maintenant les organismes nuisibles en dessous d'un seuil à partir duquel pourraient apparaître des pertes ayant un retentissement économique.

On parle de protection intégrée lorsque s'ajoutent à la lutte intégrée des moyens de prévention. Cette méthode vise à privilégier une production économiquement viable, de qualité, minimisant les nuisances portées à l'environnement et évitant l'apparition de population de nuisibles résistantes aux produits phytosanitaires. Par exemple, l'application de la protection intégrée passe par : le choix de variétés et de porte-greffes résistants ou tolérants ; la modification des successions culturales pour limiter les conditions favorables au développement des nuisibles ; le changement du calendrier cultural pour accroître la résistance des cultures à leurs ennemis ; l'utilisation raisonnée de produits chimiques favorisant le développement des insectes ou des champignons auxiliaires. La protection intégrée est globalement plus exigeante en temps qu'une protection reposant sur l'application systématique de produits chimiques. Elle est aussi techniquement plus difficile à mettre en œuvre. Elle permet cependant, lorsqu'elle est bien conduite, des économies financières pour l'exploitant et accroît la durabilité des systèmes de culture. Elle est, à l'heure actuelle, surtout pratiquée en viticulture et production fruitière, mais elle tend à se développer dans les autres secteurs de l'agriculture.

Roger-Estrade

protection raisonnée

Méthode de lutte visant à utiliser de façon rationnelle et non systématique les produits phytosanitaires, en fonction de l'extension prévisible ou réelle des ennemis des cultures.
SYN. : lutte raisonnée.

Raynal

protéine

Substance caractérisant la matière vivante, de poids moléculaire élevé, essentiellement constituée d'acides aminés unis par des liaisons peptidiques.
SYN. : protéide.

Les protéines sont très impliquées dans les structures et les processus vitaux des organismes vivants (croissance, régulation hormonale, immunité, hérédité, processus enzymatiques). La synthèse des protéines par les cellules des tissus des organismes animaux se fait à partir d'acides aminés présents dans le sang. La structure primaire des protéines (séquence des acides aminés au sein de la protéine) est codée génétiquement. De ce fait, une carence en un ou plusieurs acides aminés indispensables a des impacts négatifs sur les performances, la qualité des produits et l'état de santé des animaux. A l'inverse, compte tenu, d'une part, des faibles possibilités de stockage des protéines dans l'organisme animal (foie ou muscle) et, d'autre part, de l'utilisation possible des acides aminés dans le métabolisme énergétique après une étape de désamination, un excès de protéines dans l'alimentation augmente les flux azotés urinaires et accroît la charge polluante de l'élevage, surtout si le chargement animal est important. Chez les ruminants, la néosynthèse d'acides aminés par les micro-organismes du rumen peut se faire à partir de substrats azotés (NH3 principalement) et de chaînes carbonées. Les protéines microbiennes synthétisées, à haute valeur biologique, assurent une large part de la couverture du besoin en acides aminés indispensables des animaux.

Chapoutot