Larousse agricole 2002Éd. 2002
L

lin (suite)

Les altises (Aphtona euphorbiae et Longitarsus parvulus) attaquent la plantule à la levée. Les thrips (Thrips angusticeps, T. linarius) provoquent une déformation et une décoloration qui donnent à la linière un aspect caractéristique, roux et frisé, dénommé « maladie de la mauvaise tête ». Le traitement curatif exige un insecticide rémanent.

Un désherbage chimique est indispensable contre les graminées, soit en présemis, soit en pré- ou en postlevée, et contre les dicotylédones.

La récolte du lin textile se fait exclusivement par arrachage, lorsque les capsules sont jaune-vert et les tiges défeuillées dans le bas. Elle est suivie du rouissage à terre ; celui-ci permet la décomposition des « ciments » qui font adhérer les fibres à la tige de la plante.

Les rendements obtenus sont de l'ordre de 50 à 65 q de paille à l'hectare. Après la récolte, le lin subit le teillage, qui consiste à séparer les filasses propres du reste. Pour 100 kg de paille, on obtient 16 kg de lin teillé, 50 kg d'anas (débris fins de paille), 10 kg d'étoupes, 8 kg de graines, 8 kg de paillettes, plus des déchets, des poussières et de la terre.

Culture du lin oléagineux.

Le choix du terrain, la place dans la rotation et la préparation du sol sont semblables à ceux du lin textile.

La fumure azotée à apporter à l'hectare est de 70 à 100 kg d'azote, selon la richesse du sol en azote organique (il faut éviter l'excès, qui est cause de verse), épandus au semis sous forme mi-ammoniacale, mi-nitrique ; en terres calcaires, on peut fractionner la fumure en deux ou en trois apports. La fumure phosphopotassique (80 kg de phosphore et 80 kg de potasse) est apportée sous forme de sulfate de potasse et de superphosphate.

Les variétés de lin oléagineux sont peu nombreuses. Il n'existe, pour le moment, que des variétés de printemps, qui diffèrent entre elles par la précocité, la grosseur et la richesse en huile de la graine.

Le semis doit avoir lieu très tôt, en mars si possible, dès que le sol s'est ressuyé. Le peuplement à rechercher est de 800 plantes au mètre carré, soit une densité de 1 000 à 1 100 graines au mètre carré. On sème à faible écartement (de 8 à 10 cm) à l'aide de socs doubles à lin. Comme pour un lin textile, il faut employer des semences traitées à l'aide de fongicides contre la fonte des semis et la fusariose, et à l'aide d'insecticides contre les altises. Un traitement contre les altises peut également être effectué après la levée.

Les accidents, les maladies et les parasites du lin oléagineux sont sensiblement les mêmes que ceux du lin textile.

Le désherbage chimique du lin oléagineux dépend des mauvaises herbes à combattre. Lorsqu'on a affaire à des graminées, on traite en présemis. Mais, dès que l'on craint les dicotylédones (chénopodes, morelles, mercuriales, renouées, etc.), il faut envisager soit un traitement de prélevée, soit un traitement de postlevée avant la floraison. Plusieurs traitements sont parfois nécessaires.

La récolte se fait lorsque les graines sont mûres (sonnantes dans les capsules). Si l'été est humide, une dessiccation artificielle de la linière peut s'avérer indispensable avant la récolte, à la moissonneuse-batteuse. Les rendements généralement obtenus sont de l'ordre de 15 à 20 q de graines à l'hectare, qui fournissent de 450 à 600 kg d'huile.

Technologie.

Dans la pratique, la « filature lin » consiste en la fabrication de fil à partir d'une matière première qui se présente sous deux formes : le long brin, ou les étoupes de teillage et de peignage. Le peu d'élasticité des fibres de lin ainsi que la très grande dispersion de leurs longueurs et de leurs diamètres ne sont pas des facteurs favorables à la filature conventionnelle de type « coton ». C'est pourquoi la « filature lin » s'est orientée vers des voies spécifiques de formation du fil, au mouillé, au sec, ou suivant le circuit des mélanges.

La filature au mouillé utilise des fibres prédissociées. Le traitement de division de la matière se fait progressivement, chimiquement au traitement de la mèche, mécaniquement à l'étirage final.

La filature au sec est utilisée pour les étoupes, mais aussi pour le lin teillé étiré brutalement. Le ruban est étiré et filé sans passer dans l'eau. Les fils produits sont plus gros et moins lisses que ceux obtenus au mouillé ; ils sont employés dans la fabrication de tissus techniques.

Le circuit des mélanges vise à réaliser des fils faits de lin et d'une autre fibre naturelle (coton, laine, soie), artificielle (viscose) ou synthétique (polyester, polyamide, Lycra). Dans ce cas, le procédé utilisé est celui de la « filature coton », ou « fibres courtes ». Il s'agit, à partir d'un ruban de fibres de 80 cm de long (lin teillé) ou de 20 cm de long (étoupes), d'obtenir par clivage et par coupage des fibres de longueur aussi constante que possible, proche de celle des fibres de coton (25 à 35 mm). C'est l'opération d'affinage qui permet le mélange avec d'autres fibres. Les fibres en bourre sont alors rendues parallèles par cardage dont on obtient un ruban. Au final, ce dernier est filé après plusieurs doublages et étirages successifs. Les fils obtenus confèrent aux tissus une apparence, un toucher, un drapé particuliers.

Aujourd'hui, le textile-habillement représente 56 % des débouchés des fibres, le linge de maison et de lit 19 %, les usages techniques 16 %, l'ameublement 9 %. Sous-produits de la fabrication de fibres, les anas de lin sont agglomérés pour former des panneaux principalement utilisés dans la fabrication de meubles. Par ailleurs, leur très fort taux d'absorption en fait un matériau de choix pour les litières animales.

Économie du lin textile.

Très pratiquée dans l'Antiquité et au Moyen Âge, la culture du lin à fibres a commencé à décliner au début du XIXe siècle avec le développement d'autres plantes textiles (coton) puis des fibres synthétiques. En 1999, on cultivait 560 000 ha de lin fibre à travers le monde, dont 198 000 ha en Europe occidentale, qui fournit le lin le plus réputé. Les principaux producteurs européens sont l'Espagne (122 000 ha), la France (49 000 ha), le Royaume-Uni (14 000 ha) et la Belgique (12 150 ha). La France est le 5e producteur mondial ; le lin est produit dans des zones tempérées à influence maritime (Ile-de-France, Nord, Picardie et, surtout, Normandie) et s'exporte en Amérique du Nord, en Italie et en Chine.