Larousse agricole 2002Éd. 2002
L

lin (suite)

Botanique et biologie.

Le lin cultivé (Linum usitatissimum) possède généralement une tige unique, plus longue chez le lin textile que chez le lin oléagineux, renfermant généralement de 30 à 40 faisceaux de 30 à 40 fibres péricycliques chacun. Chaque fibre a une longueur de 1 à 4 cm et présente en son centre un espace creux, ou lumen. Chaque faisceau de fibres est séparé de son voisin par des lamelles pectiques, qui seront « digérées » par les micro-organismes lors du rouissage.

L'inflorescence du lin est une cyme bipare, formée de fleurs hermaphrodites et autogames, de couleur très variable (blanc, bleu, rose, violet). Le fruit est une capsule à 5 loges, contenant au maximum 10 graines et plus ou moins déhiscente à maturité. Les graines sont lisses, oblongues, à bec recourbé et de coloration brunâtre. Les cellules de l'embryon et de l'albumen renferment des gouttelettes d'huile riches en acides gras insaturés (essentiellement les acides palmitique, stéarique, oléique et linoléique) qui confèrent à l'huile de lin une action bénéfique sur les plans cardiovasculaire et immunologique. Ces graines, riches en azote et en acides aminés indispensables, sont également intéressantes pour la fabrication d'aliments pour animaux.

Les lins d'hiver sont caractérisés par une phase végétative longue, un port rampant en début de végétation, des besoins modérés de vernalisation et une certaine résistance au froid (seuil critique à - 12 °C) ; certains lins oléagineux sont des lins d'hiver. Les lins de printemps ont un port dressé, se développent sans vernalisation et sont sensibles au froid ; les lins textiles et certains lins oléagineux sont de ce type.

Le lin est, par ailleurs, une plante de jour long, qui a des exigences en eau élevées (700 mm pour 100 à 120 jours de végétation). Son aire de culture se situe donc sous des climats tempérés humides (maritimes), sur des terres profondes, perméables et à bonne réserve hydrique.

L'azote favorise chez le lin une croissance désordonnée des fibres, accroît la hauteur et la ramification des tiges, donc la sensibilité à la verse. Les besoins en potasse sont limités (de 20 à 40 kg par hectare pour le lin oléagineux, de 70 à 80 kg par hectare pour le lin textile) ; il faut éviter d'apporter du chlorure de potassium, car le chlore peut nuire à la qualité des fibres. Le phosphore agit très favorablement sur le nombre et la qualité des fibres ; le lin oléagineux en exporte entre 30 et 35 kg par hectare. Les exportations de soufre par le lin oléagineux sont comprises entre 8 et 15 kg à l'hectare.

Culture du lin textile.

En raison essentiellement des risques parasitaires, le lin textile ne peut revenir sur une même parcelle avant 6 ou 7 ans. Le meilleur précédent pour une linière est une céréale elle-même précédée d'une graine fourragère ou, à défaut, d'une plante sarclée. Il ne faut jamais semer du lin à fibres après du maïs, car le lin est sensible aux triazines.

La préparation du sol doit être très soignée, en évitant les tassements qui, en dégradant la structure du sol, perturbent le fonctionnement du système radiculaire. Le lin à fibres ne tolère ni les apports récents de fumier, ni l'azote minéral en quantité importante ; le maximum d'azote minéral qu'on peut lui apporter à l'hectare est de 20 kg en sols riches en humus et de 40 kg en sols moins pourvus en humus. Au-delà, il y a risques de verse précoce. Par ailleurs, en raison des restitutions au sol dues au rouissage à terre, un apport de 70 kg de phosphore et de 70 kg de potasse à l'hectare est très suffisant, soit en totalité à l'automne, soit deux tiers à l'automne et un tiers au printemps.

Les variétés modernes de lin textile sont des lignées pures, qui se caractérisent sur le plan morphologique notamment par la couleur de leurs fleurs (blanche ou bleue) et, sur le plan cultural, par le niveau et l'importance de leurs ramifications, leur précocité, qui est un facteur de régularité et de productivité, leur résistance à la verse, aux parasites et aux maladies, et leurs qualités technologiques, c'est-à-dire la solidité des fibres et la richesse en fibres.

Le semis doit être superficiel (1 ou 2 cm de profondeur). Il est effectué au printemps dès que la terre est suffisamment réchauffée (fin mars ou début avril en général). Le peuplement optimal d'une linière textile se situe entre 1 600 et 1 800 plantes au mètre carré ; la dose de semis correspondante est de 2 000 graines au mètre carré, soit de 100 à 120 kg de graines à l'hectare.

Les accidents, les maladies et les parasites du lin textile sont nombreux.

La verse, accident le plus fréquent et le plus redouté, résulte le plus souvent d'un semis trop dru ou d'une fumure azotée trop forte.

La fonte des semis, due à Botrytis cinerea et à des Alternaria, favorisée par des périodes alternées d'humidité et de sécheresse, peut entièrement détruire une linière. La désinfection des semences permet de lutter efficacement contre cette maladie.

La brûlure, due notamment à Asterocystis radicis, se caractérise par un jaunissement de la partie inférieure de la tige et le dépérissement de la plante. Elle est souvent liée à un mauvais drainage du sol.

La rouille, due à Melampsora lini, détériore les faisceaux fibreux sous-épidermiques ; d'où une réduction considérable du rendement et de la qualité des fibres. Certaines variétés sont résistantes. Le mort-lin, dû à Ascochyta linicola, se caractérise d'abord par le jaunissement de la partie supérieure de la tige, puis par le dessèchement et la mort de la plante. Les causes les plus fréquentes sont une rotation accélérée du lin et une mauvaise préparation du sol (compostage en surface). La désinfection des semences aux organomercuriques et la pratique de rotations longues sont les meilleurs moyens de lutte.

La fusariose, provoquée par Fusarium oxysporum lini, se caractérise également par un dessèchement des tiges et des feuilles, qui prennent une teinte rouge, visible par ronds dans la linière. Les seuls moyens de lutte sont des rotations longues (7 ans au moins entre deux cultures de lin sur la même sole) et l'emploi de variétés peu sensibles (Nynke) ou résistantes (Liza).