Larousse agricole 2002Éd. 2002
G

gazon (suite)

Choix des espèces.

Le choix des espèces qui entrent dans la composition du gazon doit tenir compte du sol, du climat et de l'utilisation prévue. Il existe pour chaque espèce de nombreux cultivars capables de répondre à chaque situation. En semant des cultivars de plusieurs espèces, on compense les faiblesses de certaines espèces par les qualités des autres. Cependant, un bon mélange comporte en règle générale peu d'espèces.

Les espèces à feuilles larges (ray-grass anglais, fétuque élevée, fléole, pâturin des prés) permettent d'établir des gazons qui demandent peu d'entretien et résistent au piétinement. Le ray-grass anglais peut être semé seul ou en mélange avec d'autres espèces en faible proportion (moins de 30 % en poids) car il est très agressif vis-à-vis des autres espèces. La fétuque élevée, à feuillage très grossier, de pérennité médiocre, présente une excellente adaptation au froid, à l'humidité, et à la sécheresse ; elle est particulièrement appréciée pour la création de terrains de rugby et de grands espaces piétinés, surtout en zones méridionales. La fléole noueuse ou bulbeuse s'implante facilement et présente un très bon aspect hivernal mais un aspect estival médiocre sous l'action de la sécheresse ou de la chaleur. Le pâturin des prés présente un exceptionnel pouvoir de régénération grâce à ses rhizomes; on le réserve de préférence aux terrains de sport ou aux gazons de placage, pur ou en mélange.

Les espèces à feuilles fines (agrostides, fétuques rouges, fétuque ovine) composent des gazons décoratifs ou sportifs. Les agrostides (fine, traçante) sont utilisées principalement pour les greens de golf et les terrains de tennis ; elles donnent un gazon résistant et tolérant aux tontes rases et fréquentes, mais demandent cependant beaucoup d'entretien. Les fétuques rouges (traçante, demi-traçante, gazonnante) donnent un gazon fin, très compact et tolérant à l'ombre. La fétuque ovine s'installe lentement et s'adapte bien aux sols pauvres et aux périodes de sécheresse; elle est utilisée en mélange pour les terrains de sport et en zones difficiles telles que les bords des routes.

Établissement du gazon.

Il se fait sur de la terre arable. On laboure ou bêche le sol et on lui incorpore des engrais (de 1 à 1,5 kg d'acide phosphorique et de potasse pour 100 m2) ou du fumier décomposé. Au moment du semis, la surface est émiettée et égalisée à la herse ou à l'aide d'une griffe, puis tassée au rouleau. Elle est ensuite ratissée pour former un lit de semence fin. Le semis a lieu au printemps ou au début de l'automne, afin que le gazon soit assez développé pour résister à la sécheresse de l'été ou aux rigueurs de l'hiver.

Le gazon demande un minimum de chaleur et d'humidité pour germer. Un semis d'automne donne souvent de meilleurs résultats qu'un semis de printemps ; cependant, ce dernier est généralement moins envahi par les mauvaises herbes. La dose de semences à employer varie selon l'espèce ou le mélange utilisé ; elle est de l'ordre de 3 à 4 kg pour 100 m2. Le semis s'effectue au semoir mécanique ou à la main (à la volée). Pour qu'il soit régulier, on sème la moitié de la dose dans le sens de la longueur et on repasse dans le sens de la largeur en semant l'autre moitié. La périphérie du terrain est semée plus dense. En bordure, on dépose une traînée de semences dans un sillon appelé filet. Les semences sont recouvertes de terre par un léger coup de râteau, le sol est roulé puis arrosé très finement.

Le gazon lève en 4 à 6 semaines. On le roule quand il atteint 5 cm et on le tond dès qu'il mesure 10 cm. Il demande un certain temps pour s'installer et pouvoir être utilisé ; il faut compter de 1 à 4 mois selon l'importance de la fréquentation prévue.

Le gazon en placage permet d'obtenir immédiatement un gazon adulte et utilisable. Contrairement au semis, sa pose relativement facile peut s'effectuer tout l'année ; il suffit de dérouler les rouleaux de gazon précultivé et de les placer côte à côte et en quinconce, comme des lames de parquet. Un roulage doit suivre la pose. Cette technique est d'un coût plus élevé que celui du semis.

Entretien.

Une tonte régulière limite la concurrence des mauvaises herbes. Les gazons fins peuvent être tondus plus souvent et plus ras que les gazons à larges feuilles. On enlève à chaque coupe environ un tiers de la hauteur des feuilles. Un roulage peut être effectué après la tonte en terre légère pour favoriser le tallage des graminées et pallier le déracinement dû aux tontes fréquentes.

L'aération du sol et la scarification sont nécessaires aux gazons âgés ou installés sur sol lourd et aux terrains de sport très piétinés, car elles facilitent la pénétration de l'eau, de l'air et des engrais. Sur un gazon d'agrément, 2 interventions par semaine sont nécessaires alors que sur un terrain de sport la fréquence maximale de scarification peut être hebdomadaire.

L'arrosage permet de conserver le gazon vert en période de sécheresse. Il est préférable d'effectuer des arrosages espacés de 8 à 15 jours et qui fournissent assez d'eau pour mouiller le terrain en profondeur (sans l'inonder), car des apports d'eau fréquents mais peu abondants provoquent une mauvaise résistance à la sécheresse.

La fumure phosphopotassique (1 kg d'acide phosphorique et 1 kg de potasse pour 100 m2) est apportée à l'automne. La fumure azotée (2 kg pour 100 m2) est épandue avant et pendant les périodes de pousse active; elle ne doit pas être exagérée, car elle oblige à des tontes fréquentes et augmente la sensibilité du gazon à la sécheresse et aux maladies.

Les mauvaises herbes doivent être éliminées jeunes avec des désherbants pour gazon. La mousse est détruite à l'aide de sulfate de fer épandu à la sortie de l'hiver à raison de 20 à 40 g par m2.

Maladies.

Diverses maladies peuvent attaquer les gazons : les rouilles, les helmintosporioses, le fil rouge (corticium), les fusarioses. Les principaux ravageurs animaux sont les taupes, les petits rongeurs (mulots, souris, campagnols) et, parmi les insectes, les tipules, les noctuelles, les hannetons.

Dorion