Larousse agricole 2002Éd. 2002
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fourrage (suite)

Les fourrages ont une composition chimique très variable. Ils sont riches en eau (de 70 à 85 %) et leur matière sèche est, avant tout, constituée de glucides (de 55 à 70 %) et plus particulièrement de constituants de la paroi végétale (de 30 à 60 %), tels que cellulose, hémicellulose et lignine. Le degré de lignification des fourrages (de 5 à 15 % de la matière sèche) augmente avec l'âge de la plante. Les graminées sont plus riches en glucides cytoplasmiques que les légumineuses. Le ray-grass est parmi les graminées le fourrage le mieux pourvu en glucides solubles (10 à 20 % de la matière sèche). La teneur en amidon du maïs sur pied est de 20 à 35 % de la matière sèche au moment de la récolte. La teneur en matières azotées (de 5 à 25 % de la matière sèche) varie avec les espèces végétales : à même teneur en constituants pariétaux, les légumineuses sont plus riches en azote que les graminées. Une part importante de cet azote est localisée sous forme de protéines dans les feuilles. Lorsque la plante vieillit, la proportion feuilles/tiges dans la fraction récoltée tend à diminuer, entraînant ainsi une réduction du rapport entre les matières azotées et les constituants pariétaux, et par conséquent une diminution de la valeur alimentaire. La fraction lipidique est faible (de 2 à 6 % de la matière sèche). Les matières minérales représentent de 7 à 12 % de la matière sèche et sont relativement riches en potassium et en calcium, notamment chez les légumineuses.

Au sein d'une espèce végétale (ou d'un groupe d'espèces végétales), la valeur alimentaire des fourrages est très fortement conditionnée par l'âge de la plante.

La valeur énergétique des fourrages évolue dans le même sens que la digestibilité de la matière organique. Pour les fourrages de 1ercycle, celle-ci diminue lorsque la teneur en constituants pariétaux de la plante et leur degré de lignification augmente, au fur et à mesure de l'évolution du stade végétatif. La digestibilité de la matière organique des repousses, surtout celle des graminées, est moins élevée que celle des plantes de 1ercycle et diminue moins vite avec le vieillissement de la plante qu'au 1ercycle. Elle varie, en particulier, selon le stade d'exploitation du cycle précédent.

La valeur PDIN des fourrages est directement proportionnelle à la teneur en MAT au sein d'une même espèce botanique. La valeur PDIE est aussi reliée positivement à la teneur en MAT, mais la précision de la prévision augmente lorsque la teneur en cellulose brute, qui joue de façon négative, est également prise en compte.

L'ingestibilité des fourrages dépend du stade de développement de la plante et du numéro de cycle. Elle évolue parallèlement à la digestibilité de la matière organique en fonction de la composition de la plante, principalement sa teneur en cellulose brute et, secondairement, sa teneur en MAT. Les luzernes sont mieux consommées que les graminées. Parmi ces dernières, le ray-grass italien, le dactyle, la fétuque élevée sont plus ingestibles que le ray-grass anglais, la fétuque des prés et la fléole.

L'âge de la plante, au moment de la récolte ou de son utilisation directe par l'animal, est donc le facteur qui conditionne le plus la valeur alimentaire du fourrage. Tout retard dans l'exploitation du fourrage se traduit par une réduction de valeur alimentaire, d'ingestibilité, de valeur énergétique et de valeur azotée. Par ailleurs, lorsque le stade de végétation avance, la production de la parcelle est plus importante. Ainsi, pour trouver un compromis entre le fait de récolter une quantité suffisante de matière sèche par ha et d'obtenir un aliment de bonne valeur alimentaire au kg de matière sèche, c'est à dire raisonner le rendement de la parcelle en termes de quantité d'éléments nutritifs (énergétiques ou azotés) obtenue à l'ha, il convient d'utiliser la parcelle au moment de l'émergence de l'épi hors de sa gaine (stade début épiaison) pour les graminées ou des boutons floraux (stade début bourgeonnement) pour les légumineuses.

Chapoutot

fourrage déshydraté

Mode de conservation des fourrages (luzerne, pulpe de betterave, maïs plante entière, graminées...) consistant en une déshydratation artificielle après un éventuel broyage ou hachage.

La déshydratation des fourrages s'effectue en quelques minutes dans des séchoirs à température élevée (de 800 à 1 200 °C); elle est suivie d'une étape d'agglomération sous forme de bouchons ou granulés. (La déshydratation à basse température, du fait d'un temps de séjour prolongé du fourrage dans l'appareil, entraîne la formation de complexes sucresprotéines indigestibles.)

La déshydratation des fourrages, comparativement à la fenaison par séchage au soleil, permet de s'abstraire des conditions climatiques au moment de la récolte et évite les pertes de qualité lors du fanage, mais elle nécessite des investissements industriels importants et entraîne un surcoût lié aux dépenses énergétiques. Pour un même stade de récolte, la déshydratation des graminées et des légumineuses limite les pertes par voie mécanique et par respiration. Les fourrages verts déshydratés ont les teneurs plus faibles en constituants pariétaux que les foins. Leur valeur énergétique est plus importante que celles des foins mais reste cependant plus faible que celle des fourrages verts correspondants. La pulpe de betterave déshydratée présente sensiblement la même composition chimique et la même valeur énergétique que la pulpe de betterave surpressée.

Par ailleurs, le traitement thermique lors de la déshydratation entraîne une réduction de la dégradabilité des protéines dans le rumen. Ainsi, à une même teneur en matières azotées totales, la valeur azotée des fourrages déshydratés est plus élevée que celle des produits frais correspondants. Les pigments caroténoïdes des fourrages de graminées et de légumineuses déshydratés sont peu altérés par la déshydratation (ce qui n'est pas le cas avec le séchage au soleil), mais sont sensibles, comme pour tous les aliments, à la durée de stockage après fabrication. La déshydratation peut être précédée d'une étape de pressurage, de surpressage ou de préfanage de façon à réduire le coût de la dessiccation. Cependant, notamment pour les fourrages verts, cette étape entraîne des pertes importantes de fractions solubles et réduit la valeur énergétique et azotée du produit final. Par contre, dans le cas de la luzerne, elle permet la séparation et l'isolement de certains constituants protéiques et caroténoïdes également valorisés en alimentation animale.