Larousse agricole 2002Éd. 2002
E

engrais minéral (suite)

Les nitrophosphates proviennent de l'action de l'acide nitrique sur des phosphates naturels. La formule la plus couramment utilisée titre 20-20.

Le nitrate de potassium résulte du traitement du chlorure de potassium par de l'acide nitrique. Il dose généralement 13 % d'azote (N) nitrique et 44 à 46 % de potassium (K2O). C'est un engrais utilisable en pleine végétation au moment où l'absorption d'azote par les végétaux est conséquente.

Ces engrais binaires complexes (azote-phosphore et azote-potassium) se présentent, en général, sous forme de produit granulé. Ils représentent 5 % de l'utilisation de l'azote, 25 % de celle du phosphore et moins de 1 % pour le potassium.

Engrais de mélange physique.

Ce sont des mélanges homogènes et stables, le plus souvent granulés ou compactés, d'engrais simples préalablement broyés et tamisés. Les produits rencontrés sont essentiellement des binaires (phosphore et potassium) ou des ternaires.

Selon la matière première utilisée pour le phosphore, les engrais binaires sont des superpotassiques (superphosphate), des scories potassiques (scories Thomas) ou des phosphopotassiques (phosphate naturel), voire des associations, par exemple, les superphosphopotassiques. L'origine du potassium est quasiment toujours le chlorure de potassium. Les teneurs sont variées, mais l'origine des matières premières est mentionnée. Ces engrais sont couramment employés à l'automne. Ils représentent 30 % de l'apport de phosphore et du potassium. Plus de 70 % de ces engrais binaires sont des superpotassiques.

Les engrais ternaires apportent en plus de l'azote sous des formes variées (nitrate, ammonium, urée). Leurs teneurs sont extrêmement variées. Ces engrais sont peu utilisés à l'automne mais surtout au printemps, avant le semis (maïs, tournesol, betterave, pomme de terre...) ou en couverture sur les cultures en place en complément d'une fumure d'automne ou lorsque cette dernière n'a pas été apportée (céréales d'hiver ou colza).

Les engrais ternaires représentent un peu moins de 15 % de l'utilisation de l'azote et environ 30 % de celle du phosphore et du potassium.

Engrais de mélange mécanique.

Ils sont obtenus par mélange mécanique d'engrais simples ou composés déjà sous forme granulée ou compactée. Les caractéristiques physiques des produits du mélange doivent être les plus semblables possibles pour avoir la meilleure homogénéité possible. Aujourd'hui, l'existence de distributeurs pneumatiques d'engrais garantit un épandage régulier. L'utilisation de ces mélanges est connue sous le nom de « bulk-blending » souvent abrégé en « bulk » ou « engrais bulk ».

Engrais composés liquides.

Ce sont des engrais binaires NP ou des ternaires NPK. Ils se présentent soit sous forme de solutions claires soit sous forme de suspensions. Dans ce dernier cas, il est possible d'atteindre des teneurs des différents éléments fertilisants proches de celles des engrais solides. Cependant, l'utilisation des engrais en suspension implique de posséder un matériel spécialement adapté.

La plupart des engrais composés liquides peuvent être additionnés d'éléments secondaires et d'oligo-éléments.

Thomas

engrais organique

Engrais provenant de la transformation de déchets végétaux et surtout animaux, et qui apporte aux végétaux sous forme organique les éléments minéraux majeurs secondaires et la plupart des oligo-éléments.

En pratique, les engrais organiques utilisés par l'agriculture concernent essentiellement les engrais organiques azotés. Un engrais organique azoté doit avoir une teneur en azote total d'origine exclusivement végétale ou animale d'au moins 3 % par rapport à la matière sèche. La réglementation est la même pour les engrais organiques apportant du phosphore (minimum 3 % de la matière sèche en anhydride phosphorique). Si aucun des éléments majeurs ne dépasse 3 % par rapport à la matière sèche, le produit considéré est un amendement organique.

Les engrais organominéraux sont constitués de mélange d'engrais organiques et d'engrais minéraux. Leur teneur en azote d'origine organique doit être supérieure à 1 % et ils ne doivent pas contenir d'azote organique de synthèse.

Les principaux sous-produits animaux présents dans les engrais organiques azotés sont le sang desséché, la viande desséchée, l'os broyé et sa farine, les déchets de laine, poils et crins, la corne, la farine de poissons, de plumes, le guano et les fientes d'oiseaux (volaille)... Les produits d'origine végétale sont essentiellement des tourteaux. La vinasse lorsqu'elle est concentrée peut être considérée comme un engrais organique azoté.

Teneur en azote.

La teneur en azote total de ces produits est très variable : de 15 % pour le guano à 5 % pour une farine de viande. Ils sont, pour la plupart, autorisés par le cahier des charges européen de l'agriculture biologique sous réserve d'un besoin reconnu par l'organisme de contrôle.

La libération d'azote dans le sol à partir des engrais organiques azotés est difficile à prévoir même si on dispose de leur aptitude à minéraliser en conditions de laboratoire.

Thomas

engrais vert

Culture intercalaire (placée après une culture d'hiver et avant une culture de printemps) destinée à être enfouie dans le sol pour fournir à la culture suivante les éléments nutritifs libérés par minéralisation.

Les intérêts agronomiques d'un engrais vert sont multiples : stimulation de la vie microbienne, limitation du lessivage des nitrates, protection du sol contre l'érosion, accélération de la décomposition des pailles. Deux inconvénients peuvent toutefois en limiter la portée : la consommation d'eau importante qui peut, dans les climats secs, empêcher la reconstitution de la réserve en eau du sol, et le salissement des parcelles, la présence des plantes pendant l'interculture empêchant de détruire mécaniquement certaines adventices (chiendent).

La mise en place de l'engrais vert s'effectue après une préparation superficielle du sol rapide, le plus tôt possible après la moisson. On utilise des variétés résistantes au froid et à développement végétatif important et rapide : légumineuses (trèfle blanc ou violet, féverole, vesce, pois), poacées (seules ou en association avec une légumineuse) et, surtout, crucifères : colza, moutarde, radis fourrager, radis chinois, qui offrent l'avantage d'un développement rapide, d'une bonne résistance au froid et d'une capacité d'absorption des éléments minéraux très importante. On utilise également la phacélie, qui donne une végétation abondante et étouffe les mauvaises herbes, ou le sarrasin, intéressant en terrain acide. Si les réserves en azote du sol après la moisson sont faibles, il faut faire un apport au semis pour favoriser le développement rapide de l'engrais vert.