Larousse agricole 2002Éd. 2002
E

engrais minéral (suite)

Les principaux engrais ammoniacaux sont l'ammoniac anhydre et le sulfate d'ammoniaque obtenu par action de l'acide sulfurique sur l'ammoniac. L'ammoniac anhydre contient 82 % d'azote ammoniacal. C'est le plus concentré des engrais azotés, il se présente sous la forme d'un gaz liquéfié, transporté sous pression à l'état liquide jusqu'au champ. Il doit être impérativement enfoui dans le sol, à l'aide d'un épandeur possédant des dents injectrices, à une profondeur de 10 à 15 cm. À la pression atmosphérique, le liquide retourne à l'état gazeux et les molécules d'ammoniac peuvent se fixer sur le complexe absorbant du sol. Le sulfate d'ammonium dose de 20 à 21 % d'azote sous forme ammoniacale. Dosant environ 57 % de SO3, il présente l'avantage de fournir du soufre aux végétaux ; il est donc apprécié pour les cultures ayant des besoins importants de cet élément (crucifères comme le colza et le choux, liliacées comme l'ail, l'oignon, le poireau). De plus, sa tendance à acidifier le milieu en fait un produit intéressant pour les sols à pH élevé.

La cyanamide calcique (CaCN2), qui titre 18 à 21 % d'azote, contient 60 à 70 % de CaO, ce qui lui donne un pouvoir désinfectant : elle agit contre les parasites digestifs et pulmonaires des animaux, les vers blancs, les taupins, etc. La forme acidique de l'azote se transforme en ammonium, et cet engrais sera utilisé sur prairies et cultures maraîchères.

L'urée est obtenue par synthèse à partir de l'ammoniac et du gaz carbonique. C'est un produit très concentré puisqu'il dose 46 % d'azote. Très soluble, l'urée se décompose rapidement pour redonner de l'azote ammoniacal. Elle convient de ce fait aux pulvérisations foliaires et aux irrigations fertilisantes, d'autant qu'elle ne brûle pas les feuillages. L'urée peut être associée aux traitements phytosanitaires.

Les engrais nitriques fournissent de l'azote sous forme exclusivement nitrique. À l'exception du nitrate de soude du Chili, ils sont obtenus par action de l'acide nitrique sur certaines bases, l'acide nitrique étant fabriquée par oxydation de l'ammoniac. Ces produits sont très solubles, rapidement utilisés par les plantes et non retenus par le pouvoir absorbant du sol. Ils n'exigent pas de transformation préalable par des micro-organismes et ont un effet rapide en présence d'un minimum d'humidité. Ils sont donc utilisés pour stimuler l'enracinement ou le développement des jeunes plantes, en particulier après des périodes climatiques défavorables. Les engrais nitriques conviennent à tous les sols, mais sont facilement lessivables. Leur application doit donc se faire au moment où les plantes ont des besoins importants ; il faut éviter de les apporter en périodes pluvieuses et dans des sols légers et perméables.

Le nitrate de soude du Chili contient 16 % d'azote et de faibles quantités d'oligo-éléments et notamment du bore : il convient à la culture de la betterave. Le nitrate de chaux contient 15 % d'azote nitrique : c'est un produit très hygroscopique qui se conserve mal, il est utilisable en apports tardifs sur des sols secs et en période sèche. Le nitrate de chaux et de magnésie contient 13 % d'azote nitrique et 8 % de magnésium (MgO) soluble dans l'eau : il convient bien aux sols carencés en magnésium.

Les engrais ammoniaco-nitriques présentent à la fois l'action rapide des nitrates et la durée d'action de l'ammoniac. Leur partie nitrique n'est pas retenue par le sol, contrairement à leur partie ammoniacale. Leur souplesse d'emploi et leur coût font que ce sont les engrais azotés les plus utilisés dans l'agriculture française. Ces engrais sont utilisés sur toutes les cultures, la plupart du temps en couverture, en sortie d'hiver et au printemps, mais aussi en épandages tardifs.

Les ammonitrates sont obtenus par addition d'une charge inerte plus ou moins importante au nitrate d'ammonium qui résulte de la neutralisation de l'acide nitrique par l'ammoniac. On trouve des ammonitrates à moyen dosage (25 à 27,5 % d'azote) ou à haut dosage contenant de 33 à 34,5 % d'azote (N). Ces produits contiennent autant d'azote nitrique que d'azote ammoniacal. Le nitrate d'ammonium entre dans la composition de solutions azotées, en mélange avec de l'urée seule ou avec de l'urée et du sulfate d'ammonium. On obtient alors des solutions qui dosent pour la première de 36 à 40 % N pour 100 litres, pour moitié sous forme uréique, un quart sous forme ammoniacale et un quart sous forme nitrique. La deuxième solution apporte du soufre, elle dose de 25 à 36 % N et de 12 à 22 % de soufre (SO3) pour 100 litres. Les solutions azotées, en général corrosives, nécessitent un matériel spécial (acier inoxydable, matière plastique) : elles sont employées en pulvérisations avant semis ou en apport de couverture.

Les engrais azotés peuvent être complétés avec du soufre et/ou du magnésium ; ce sont en général des ammonitrates dosant de 25 à 28 % d'azote (N), 8 à 12 % de soufre (SO3) et 5 % de magnésium (MgO).

Engrais phosphatés.

Ces engrais sont obtenus à partir de phosphates naturels traités par broyage (phosphate naturel utilisé directement comme engrais), par calcination (phosphate alumino-silicique) ou par attaque acide (superphosphates, phosphate bicalcique). De plus, le traitement de la fonte phosphoreuse est à l'origine des scories Thomas.

Les engrais phosphatés sont caractérisés par une teneur en phosphore exprimée en % de P2O5 (anhydride phosphorique) suivant des critères de solubilité définis dans la norme NF U 42-001.

Les superphosphates sont issus du traitement des phosphates naturels par de l'acide sulfurique ou de l'acide phosphorique, ou par un mélange des deux. Ce sont des mélanges de phosphate monocalcique soluble dans l'eau et de sulfate de calcium peu soluble en proportions variables suivant l'acide utilisé. Ils contiennent des oligo-éléments (manganèse, zinc, bore, fluor) provenant des phosphates naturels. Leur teneur est exprimée en % de phosphore (P2O5) soluble dans le citrate d'ammonium neutre (90 % au moins de cette teneur déclarée doit être soluble dans l'eau). Trois produits sont disponibles sur le marché, ils conviennent à tous les types de sols et à toutes les cultures. On distingue :
le superphosphate normal (ou simple), qui résulte du traitement du phosphate naturel par l'acide sulfurique ; il dose de 16 à 24 % de phosphore (P2O5) et de 22 à 30 % de soufre (SO3) ; sa teneur en sulfate de calcium varie entre 38 et 50 % ;
le superphosphate concentré (ou double), qui est obtenu par réaction d'un mélange d'acide sulfurique et d'acide phosphorique sur le phosphate naturel ; il dose de 25 à 37 % de phosphore (P2O5) et de 12 à 22 % de soufre (SO3) ; sa teneur en sulfate de calcium est de 21 à 37 % ;
le superphosphate triple (ou enrichi), où l'acide phosphorique est le seul acide utilisé sur le phosphate naturel ; son dosage en phosphore est supérieur à 38 % de P2O5 et sa teneur en soufre varie entre 2 et 12 % de SO3 ; sa quantité de sulfate de calcium oscille entre 3 et 20 %.