Larousse agricole 2002Éd. 2002
A

agrumes (suite)

Principales espèces.

On range chez les agrumes, le bigaradier, ou oranger amer (Citrus aurantium), le plus souvent utilisé comme porte-greffe ; le citronnier (Citrus limon) ; le pomelo, ou grape-fruit (Citrus paradisi), dont le fruit, comestible, est parfois improprement appelé pamplemousse ; le cédratier (Citrus medica), dont le fruit, très gros, est excellent confit ; le kumquat (Fortunella margarita), ornemental, mais dont les petits fruits sont comestibles ; l'oranger (Citrus sinensis) ; le mandarinier (Citrus reticulata) ; le clémentinier, voisin du mandarinier ; le lime (Citrus aurantifolia), qui produit les citrons verts ; Poncirus trifoliata, rustique, à feuilles caduques, à fruits non comestibles, utilisé comme porte-greffe ; le pamplemoussier (Citrus grandis), dont le fruit, immangeable cru, est utilisé en industrie alimentaire.

Multiplication.

Les moyens de multiplication sont le semis, le bouturage et le marcottage, qui donnent des plants sensibles à la gommose (Phytophthora). Aussi a-t-on recours à la greffe en écusson. Le bigaradier a longtemps été le porte-greffe le plus intéressant en raison de son adaptation à de nombreux types de sols, de sa compatibilité avec la plupart des variétés, de sa tolérance à un grand nombre de viroses, de la productivité qu'il confère aux cultivars et de sa résistance à la gommose. Mais il est sensible à la tristeza, ou quick-decline, et l'on tend à le remplacer par deux porte-greffes résistants à cette virose et à la gommose : Poncirus trifoliata et le citrange « Troyer », hybride de Citrus sinensis et de Poncirus trifoliata, qui est incompatible avec le citronnier. Ces deux porte-greffes sont cependant sensibles à l'exocortis (maladie virale). Le citrange « Carrizo », plus résistant à cette dernière affection, semble un porte-greffe d'avenir.

La plantation se fait l'année suivant le greffage. Elle a lieu en motte en mars-avril, mais est aussi possible en octobre. Elle doit être suivie d'une bonne irrigation. Les distances de plantations sont d'environ 6 à 7 m en tous sens.

Culture.

Les exigences climatiques des agrumes sont grandes. Ces plantes, qui poussent en zone tempérée chaude près de la mer, ne prospèrent que si la moyenne annuelle des températures est de 14 °C, la moyenne estivale étant de 22 °C. Des gelées de - 4 °C sont dangereuses pour le feuillage, mais les pieds des sujets âgés peuvent résister à - 12 °C. Après un tel froid, les arbres sont recepés. Les agrumes irrigués supportent de fortes chaleurs.

Les besoins en eau sont très élevés (environ 1 200 mm, dont la moitié entre mai et octobre). L'irrigation traditionnelle (à la raie ou par submersion) est remplacée par l'irrigation par aspersion et plus récemment par le goutte-à-goutte.

La fumure de fond est établie en fonction du sol ; la fumure d'entretien tient compte des résultats des analyses foliaires (diagnostics foliaires) effectuées durant la campagne précédente. Pour 1 ha de plantation adulte produisant 30 t de fruits, les apports sont de l'ordre de 250 unités d'azote, de 60 unités d'acide phosphorique et de 120 unités de potasse. La fumure azotée est fractionnée : 50 % en mars, 25 % à la fin de mai, 25 % en juillet-août. Les travaux du sol doivent rester superficiels et être peu nombreux, car ils endommagent le système racinaire. Le sol du verger peut être nu (avec couverture végétale temporaire éventuellement en hiver) ou enherbé entre les rangs, avec désherbage chimique sur le rang. La récolte s'effectue toute l'année pour les citrons, de novembre à mars pour les clémentines, de novembre à avril pour les oranges et les mandarines. Certaines variétés d'oranges (Valencia) peuvent être cueillies jusqu'en juin.

Taille.

La taille de formation a lieu en mars, en début de végétation. Elle tend à obtenir un gobelet formé de 3 ou 4 branches principales, bien dégagé au centre, porté par un tronc de 50 à 60 cm de haut. Elle est complétée par des pincements en cours de végétation pour le maintien de l'équilibre des charpentières. La taille de fructification s'effectue aussi en mars, avant la floraison. Si les arbres sont vigoureux, on se contente d'enlever le bois mort, mais, s'ils sont faibles, la taille est plus sévère. Le clémentinier doit être éclairci, car il a tendance à être trop touffu. Les branches basses sont les plus fructifères et elles protègent le tronc du soleil.

Phytothérapie.

Les maladies et les ennemis des agrumes sont très nombreux. La gommose est la maladie la plus courante, mais il existe de multiples maladies à virus ; la plus redoutable est la tristeza, qui ravage les arbres greffés sur bigaradier. L'emploi de porte-greffes résistants et de greffons sains est la seule protection possible contre les virus. Les cochenilles et la mouche méditerranéenne des fruits sont les parasites les plus à craindre.

Économie.

La production mondiale d'agrumes a augmenté rapidement. Elle est passée de 22 millions de t dans les années 1960 à plus de 74 millions dans les années 1990. La production d'oranges et de mandarines représente 82 % du total. Les agrumes sont produits par l'Amérique du Nord et l'Amérique centrale (51 %), la région méditerranéenne (23 %), l'Afrique, l'Asie, l'Amérique du Sud et l'Océanie (26 %). La plupart des agrumes sont consommés à l'intérieur des pays producteurs ; seulement 11 % du total vont au commerce international. Les premières places pour la production d'agrumes sont occupées par l'Espagne, Israël et le Maroc. Les agrumes frais sont exportés, pour 75 %, de la région méditerranéenne.

La production française provient principalement de Corse. Le verger agrumicole s'étend sur 2 700 ha environ. Il est orienté vers la production de la clémentine (20 000 t). La consommation nationale se répartit entre l'orange (600 000 t), qui est le 2e fruit après la pomme et qui est surtout achetée en hiver et au printemps (en provenance d'Espagne, du Maroc et d'Afrique du Sud), la clémentine (230 000 t), le citron (115 000 t), le pomelo (115 000 t) et la mandarine (30 000 t).

Mauget