Larousse agricole 2002Éd. 2002
C

calcium (suite)

Le calcium présent en solution est absorbé par les plantes, ou entraîné dans les eaux de drainage. L'entretien de l'état calcique des sols consiste soit à remonter la teneur en calcium dans les sols acides (chaulage), soit à lutter contre les effets d'une trop grande quantité d'ions calcium.

Chez les végétaux.

Le calcium intervient dans la constitution des parois cellulaires des plantes, c'est un stimulant de la croissance des jeunes racines et un ion équilibrant antitoxique : il intervient notamment en neutralisant et en précipitant certains acides organiques en excès, en équilibrant l'action du potassium dans l'absorption racinaire et la transpiration, et en contrant la toxicité du sodium.

Roger-Estrade

Chez les animaux.

Le calcium joue un rôle essentiel dans la constitution des os (le squelette renferme 99 % du calcium présent dans l'organisme). De plus, le calcium du sang contribue de façon très importante au fonctionnement de l'organisme. L'ion calcium (Ca++) est un modérateur de l'excitabilité neuromusculaire ; il participe à l'absorption des nutriments en modifiant la perméabilité cellulaire ; sa présence est indispensable pour la coagulation du sang.Le calcium du lait joue un rôle non négligeable en fromagerie, car il favorise la coagulation de la caséine. Un taux élevé de calcium alimentaire est nécessaire chez la poule pondeuse pour assurer la solidité de la coquille de l'œuf.

Une carence en calcium chez un animal se manifeste d'abord au niveau du squelette. Si elle est faible, elle entraîne un ralentissement de la croissance chez le jeune. Si elle est plus sévère, elle engendre les symptômes du rachitisme : déformations osseuses au niveau notamment des membres et plus particulièrement au niveau des articulations. Chez l'adulte, la carence en calcium entraîne une faiblesse générale du squelette (ostéomalacie).

La carence en calcium entraîne également une dépravation du goût (engendrant, surtout chez les volailles, des manifestations de cannibalisme) et une prédisposition de l'organisme au parasitisme.

Un apport insuffisant en calcium conduit à une chute du niveau de production, tant pour le lait que pour les œufs. Un déséquilibre entre les apports de phosphore et de calcium se traduit par un ramollissement de l'os (ostéofibrose), qui devient très déformable.

Les besoins alimentaires en calcium se calculent en multipliant les dépenses d'entretien et de production par le facteur d'utilisation de cet élément minéral. Ce dernier dépend directement du coefficient d'absorption. La dépense d'entretien correspond aux pertes obligatoires dues au renouvellement des tissus et des réserves minérales de l'organisme (os).Parmi les dépenses de production, la dépense imputable à la lactation se déduit directement de la teneur du lait ; la dépense due à la gestation est provoquée par la minéralisation du fœtus, qui a lieu dans le dernier tiers de la gestation ; c'est donc uniquement durant cette période qu'il faut prévoir un apport supplémentaire de calcium ; la dépense de croissance est liée au degré de minéralisation du squelette.

Si le respect d'un strict rapport phospho-calcique n'est pas absolument obligatoire, il ne faut pas pour autant distribuer des rations par trop excédentaires en calcium, qui peuvent perturber l'utilisation de certains oligo-éléments ou favoriser l'apparition de certains troubles (fièvre vitulaire), mais il est extrêmement important d'apporter suffisamment de phosphore et de calcium pour couvrir les besoins des animaux.

La composition des aliments en calcium est rarement satisfaisante. Les aliments grossiers sont plus ou moins riches en calcium, alors que les aliments concentrés sont, en général, pauvres en calcium. Seuls les aliments d'origine animale sont bien pourvus en calcium.

L'utilisation digestive du calcium dépend du pH de l'intestin. La présence de protides, de lactose, d'acide citrique et de vitamine D favorise l'absorption du calcium. Par contre, un excès de lipides, de magnésium ou d'aluminium, d'acide oxalique ou phytique limite l'utilisation digestive. Le taux d'utilisation digestive du calcium varie peu chez les monogastriques (de 40 à 6 %). Par contre, il diminue de façon sensible avec l'âge chez les ruminants.

Lorsqu'une complémentation en calcium est nécessaire, il est facile de faire appel au carbonate de calcium qui, peu coûteux, est bien utilisé par l'animal. Le maërl, résidu d'algues marines calcifié, est aussi utilisable car il renferme, en plus du carbonate de calcium (de 80 à 9 %), du magnésium et du manganèse.

Les carences en calcium sont surtout à craindre chez le porc par suite de l'utilisation de régimes composés essentiellement de céréales et de tourteaux. Le composé minéral vitaminisé doit alors contenir 20 % de calcium, soit par exemple 55 % de phosphate bicalcique (à 23 % de Ca) et 15 % de carbonate de calcium (à 37 % de Ca).

Chez les ruminants, il peut se poser un problème de complémentation calcique quand les animaux ne consomment que du fourrage de terres pauvres en calcaire ou des rations à base de graminées pures ou de maïs. Dans ce dernier cas, le composé minéral doit apporter de 14 à 18 % de calcium.

Meschy

calcosol

Sol calcaire dans lequel les ions calcium sont en surabondance.

Les ions calcium sont alors beaucoup plus abondants que les ions magnésium (dans le cas contraire, on aurait affaire à un dolomitosol). L'effervescence est généralisée à froid. L'horizon superficiel A est biomacrostructuré, avec (Aca) ou sans (Aci) éléments grossiers calcaires. La matière organique est stable et il y a de 1 à 8 % de carbone organique. Le complexe adsorbant est saturé ou subsaturé (entre 80 et 100 %). L'horizon Sca est nécessairement présent : il fait effervescence, le complexe adsorbant est supérieur à 95 %, les teneurs en calcaire et en matière organique sont plus faibles que celles des horizons sus-jacents. La structure est polyédrique ou prismatique. Le sol peut comporter des taches d'oxydoréduction et des redistributions de fer, d'argile et, souvent, de calcaire. La roche sous-jacente est calcaire : calcaire, calcschiste, craie, faluns, marne, sable calcaire, etc. Elle importe pour la plus ou moins grande facilité d'enracinement des plantes. Le ressuyage est souvent accéléré (il peut cependant être ralenti sur des marnes ou argilites calcareuses) et le pédoclimat est alors relativement sec : les précipitations ne constituent pas un bon indicateur climatique. L'abondance du calcium peut bloquer des éléments fertilisants et divers éléments traces, mais les calcosols sont souvent de bonnes terres pour la culture s'ils sont assez épais.

Roger-Estrade